Le Haut Conseil de la santé publique a récemment mis à jour ses recommandations sur les repères nutritionnels des enfants et notamment ceux de 0 à 36 mois.
La diversification est une étape de développement importante chez le jeune enfant et les parents peuvent être parfois perdus par les différents discours. Tentons de clarifier la situation…
Cette période de la naissance à 36 mois est une étape de transition importante dans la vie de l’enfant. La diversification alimentaire est caractérisée par le passage d’une consommation exclusive de lait maternel ou de préparations infantiles vers une alimentation familiale diversifiée. L’alimentation infantile n’a pas uniquement une vocation nutritionnelle mais elle couvre aussi d’autres fonctions tout aussi essentielles comme le plaisir, la socialisation et l’identité.
De la naissance à 4/6 mois, pas de nouveautés, l’alimentation est toujours exclusivement lactée et si possible via un allaitement maternel ou mixte par un « lait » issu de préparations pour nourrisson uniquement.
L’allaitement maternel est toujours recommandé de façon exclusive jusqu’à 6 mois par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) et au moins jusqu’à 4 mois pour un bénéfice santé, même de plus courte durée, l’allaitement maternel reste toujours recommandé.
1. La fenêtre de diversification recommandée
Après des années de flottement et au regard des dernières études scientifiques, il y a aujourd’hui consensus médical sur la question des débuts de la diversification : il est désormais souhaitable de débuter la diversification alimentaire pour les enfants nés à terme entre l’âge de 4 mois (révolus) et 6 mois, pour limiter le risque d’obésité, d’infections, de maladie cœliaque et d’allergies alimentaires. Passé 6 mois, le lait maternel ou les préparations pour infantiles ne permettent plus de couvrir à eux seuls les besoins nutritionnels.
2. L’introduction des aliments
Les aliments ou groupes d’aliments, qui peuvent être introduits de façon simultanés, sont : les produits laitiers, les légumes, les fruits, les viandes, les poissons, les œufs, les produits céréaliers ainsi que les matières grasses.
Actuellement, il est possible d’introduire tous les aliments sans ordre particulier et de proposer des aliments différents chaque jour et si possible en respectant les aliments de saison.
Pour l’acceptation de nouveaux goûts par l’enfant, il est souhaitable que l’enfant consomme une grande variété d’aliments et ce dans le but de limiter la période de néophobie alimentaire. Cette période comprise entre 5 et 18 mois semble être le moment favorable pour faire découvrir à l’enfant un maximum d’aliments et en particulier les légumes et qui sont souvent par la suite moins bien acceptés. Cette période peut ainsi participer à la prévention de la néophobie alimentaire.
Entre l’âge de deux ans et huit ans environ, la plupart des enfants traversent une phase de néophobie alimentaire pendant laquelle la variété des aliments acceptés est réduite : l’enfant peut rejeter les nouveaux aliments consommés et aussi ceux qu’il consommait et appréciait auparavant. Cette phase, perturbante pour les parents, est considérée comme une période normale du développement de l’enfant.
Le cas des allergènes :
Dès le début de la diversification, il est nécessaire de commencer à introduire rapidement les allergènes alimentaires comme les produits laitiers, l’œuf, l’arachide. Il en est de même pour le gluten même chez les enfants à risque. Il semblerait que l’introduction des allergènes à cette période limiterait le risque d’allergies.
3. Le choix des aliments proposés et texture
Les différents aliments proposés peuvent être faits maison ou achetés dans le commerce même s’il est préférable de privilégier les préparations maison pour ainsi proposer une plus grande variété de saveurs, de textures et permettre de se rapprocher des habitudes socioculturelles de la famille.
Au moment de la diversification, les aliments proposés sont de texture lisse et à partir de 8-10 mois (et avant 12 mois), les aliments texturés peuvent introduits si l’enfant :
– sait maintenir sa tête et son dos droit dans une chaise haute ;
– avale déjà des purées de texture lisses et épaisses sans difficulté ;
– réalise des mouvements de mâchonnement lorsqu’il porte quelque chose à la bouche ;
– est capable de tenir un aliment dans sa main et de le porter à sa bouche ;
– est intéressé par le repas.
Toutefois, les parents doivent être vigilants face aux aliments durs et/ou ronds comme les grains de raisins, les tomates cerises, noisettes, cacahuètes … chez les enfants de moins de 3 ans pour le risque d’étouffement.
4. Les aliments à limiter ou à éviter
Lors de cette étape, certains aliments doivent être limités car ils présentent peu ou pas d’intérêts nutritionnels pour l’enfant comme :
– les farines ou céréales infantiles car ils contiennent des sucres ajoutés et des arômes qui entretiennent le goût de l’enfant pour les produits sucrés ;
– les produits à base de soja (déconseillés avant 3 ans) ;
– les produits laitiers à base de lait cru non chauffés ;
– la charcuterie (sauf le jambon) ;
– les produits sucrés comme les bonbons, les boissons sucrées, glaces, pâte à tartiner, gâteaux, crèmes desserts, les céréales du petit-déjeuner, pâtisserie … ;
– le miel pour le risque microbiologique ;
– les produits apéritifs pour la grande richesse en sel et graisses ;
– les boissons riches en sucre ou de goût sucré ;
– les boissons riches en caféine comme le thé, café ou boissons énergisantes ;
– les aliments ou boissons contenant des édulcorants.
5. Les aliments à privilégier
Le lait et les produits laitiers
De la naissance à la diversification, le lait et les produits laitiers sont à privilégier et doivent rester la base de l’alimentation.
Les quantités de lait (maternel ou « préparations infantiles ») vont diminuer progressivement entre 1 et 3 ans au profit des aliments laitiers solides (Quantités recommandées : 500 ml par jour sans dépasser les 800 ml).
À chaque âge correspond un lait adapté :
– de la naissance à 4/6 mois : lait maternel ou préparation pour nourrissons (lait « 1er âge ») ;
– de 4/6 mois à 12 mois : lait maternel ou préparation de suite (lait « 2ème âge ») ;
– À partir de 1 an : l’allaitement maternel peut être poursuivi. Si ce n’est plus le cas le lait de croissance est recommandé. Le lait de croissance est un lait répondant aux besoins spécifiques de l’enfant en bas âge et notamment en fer. Ces laits de croissance peuvent être choisis liquide ou en en poudre (moins coûteux). Il est également possible d’alterner le lait de croissance avec du lait entier pour en réduire le coût. Le lait demi-écrémé moins riche en lipides n’est pas recommandé avant l’âge de 3 ans.
Quelque soit la source de produits laitiers, il convient de privilégier les produits laitiers natures (non sucrés et non aromatisés).
Les boissons végétales comme les boissons à base de riz, soja, amande, avoine … communément appelé « laits végétaux » sont à proscrire tout comme les autres laits d’origine animale comme le lait d’ânesse, de jument… qui ne sont pas adaptés et peuvent entrainer une malnutrition chez le très jeune enfant.
En cas d’intolérance du nourrisson aux protéines de lait de vache, des préparations pour nourrissons, formulées à partir de protéines végétales peuvent être prescrits par des médecins, mais il s’agit toujours de préparations spécialement formulées pour couvrir les besoins des nourrissons.
Les matières grasses
Les besoins nutritionnels des enfants de moins de 3 ans sont caractérisés par un besoin en lipides plus élevé que celui des adultes, indispensables au bon développement. Le lait maternel ou préparations infantiles sont la source principale de lipides avant la diversification.
Lors de la diversification, la quantité de matières grasses apportés par le lait diminue et elles devront alors être compensées par l’alimentation solide et notamment dans les préparations maison (huiles variées, beurre …) mais aussi dans les petits pots du commerce lorsqu’ils n’en contiennent pas (se référer à la liste des ingrédients sur l’emballage).
6. Entre 12 et 36 mois
Durant cette période, l’alimentation se poursuit de la même manière en continuant à élargir les textures.
Les principales vigilances portent sur la quantité de protéines consommée et les produits sucrés.
Durant cette période, l’activité physique est également à privilégier. L’ANSES et mangerbouger.fr recommandent qu’un enfant (avant 5 ans) ait au moins 3 heures d’activité physique par jour.
Les parents ont un rôle d’accompagnement dans l’alimentation de leur enfant et doivent faire confiance à l’appétit et au rassasiement de leur enfant.
La seule manière d’évaluer une bonne adéquation de l’alimentation à l’âge de l’enfant est la surveillance de la courbe de croissance staturo-pondérale et de corpulence (IMC) de l’enfant. Cette surveillance est réalisée par un professionnel de santé (carnet de santé de l’enfant).
Bibliographie :
– Avis HCSP du 30/06/2020, Révision des repères alimentaires pour les enfants de 0-36 mois et 3-17 ans (hcsp.fr)