On parle beaucoup depuis quelques années des méfaits du gluten : il serait responsable d’une augmentation de l’inflammation en l’absence de maladie coeliaque avec les corollaires que sont : l’obésité , le syndrome métabolique , les dérèglements psychiatriques et le risque cardio vasculaire.
On a donc constaté une diffusion des régimes sans gluten notamment aux USA où en 2013 ils étaient suivis par 30% de la population.
Question posée : y a t il une efficacité de ce type de régime en dehors de la maladie coeliaque et , à contrario , y a t –il des effets négatifs ?
Les avis dans la littérature sont très partagés il n’y a aucun consensus.
1 ) Syndrome de l’intestin irritable
Une étude a été réalisée par Biesiekierski et coll chez 37 patients avec symptômes gastro-intestinaux non liés à une maladie coeliaque. 3 régimes différents ont été donnés : faible en gluten ( 2g/j) , fort en gluten ( 16g/j) ou en protéines ( 14g/j). Des effets proprement liés au gluten n’ont été retrouvés que chez 8% des participants les symptômes se sont améliorés en début de régime mais se sont aggravés en fin de période 1 seul s’est amélioré totalement. Pour cet auteur, pour l’instant, il n y a pas de certitudes formelles quant au bienfait d’un régime sans gluten sur des symptômes gastro intestinaux.
2 ) Action sur le psychisme
Une étude réalisée chez 22 sujets présentant un syndrome de l’intestin irritable (Peters) a montré qu’un régime riche en gluten était associé à des scores de dépression plus élevés qu’avec un placebo mais sans effets sur d’autres tests mentaux, ni sur les symptômes gastro intestinaux. ceci a été confirmé par W Eaton : il a mis en évidence l’amélioration d’un syndrome dépressif chez un jeune homme atteint d’une maladie auto immune qui avait une alimentation pauvre en gluten. Ceci pourrait expliquer la cause du bien être des patients qui ont un régime sans gluten même si les signes digestifs restent les mêmes.
3 ) Risque Cardio-Vasculaire
64714 femmes et 45303 hommes ont été suivis entre 1986 et 2010 ( B Lebwohl)
En 26 ans 2431 femmes et 4098 hommes ont développé une maladie coronaire plus fréquente chez ceux qui avaient un régime pauvre en gluten ( 3g/j). Ceci est en contradiction avec l’effet pro inflammatoire de ce dernier. Mais, par ailleurs, on a constaté que la prise de gluten était inversement corrélée à la prise d’alcool, de tabac, à la consommation de graisses et de viande rouge mais corrélée avec la prise d’aliments complets. Ce dernier point est particulièrement important. Il montre que, finalement, dans un régime pauvre en gluten le risque cardio vasculaire est aggravé par la diminution des fibres dans l’alimentation et l’augmentation des lipides.
4 ) Microbiome intestinal : poids et diabète
Il semblerait que le régime sans gluten altère la flore intestinale responsable des symptômes digestifs ce qui permet une diminution de la fermentation donc, sur le plan clinique, une amélioration du bien être post prandial et une raréfaction des ballonnements.
- action sur le poids : dans une étude réalisée par Hansen chez des danois on constate une diminution de 0,8+/-0,3kg sous régime sans gluten sans différence sur la ration alimentaire , probablement par oxydation des acides gras
- action sur le diabète
Des arguments contradictoires sont retrouvés dans la littérature : des régimes pauvres en gluten peuvent être associés à un plus grand risque de DT2 (darcy spitz) car ils s’accompagnent d’une absorption moindre de fibres, facteur protecteur de diabète. Dans une longue étude prospective faite aux USA, les chercheurs ont constaté que la plupart des participants prenaient moins de 12 g de gluten/j et, ont trouvé sur 30 ans de suivi un moins grand nombre de diabètes chez ceux dont la ration était la plus importante.