Ces dernières années l’étude du microbiote intestinal et de son incidence sur la santé humaine est devenue l’un des domaines majeurs de la recherche. Le développement d’outils moléculaires et la généralisation des approches génétiques et génomiques ont permis de mieux saisir la diversité de cette vaste communauté microbienne, hébergée dans l’intestin.
Les déséquilibres entre différentes populations bactériennes intestinales, ou dysbioses, ont ainsi été décrits dans diverses pathologies et désordres métaboliques, soulignant l’importance du microbiote intestinal pour la santé.
Notre corps contient des milliers de milliards de bactéries qui aident à digérer les aliments mais qui peuvent aussi influer sur le développement de l’obésité, du diabète, de certaines maladies neurologiques et digestives. Elles sont de 300 à 500 espèces différentes et couplées avec des virus et des champignons forment le microbiote Le lien avec les pathologies est directement démontré chez l’animal mais reste plus compliqué à identifier chez l’homme.
1 ) l’obésité
Des expériences menées chez les souris ont montré que celles sans microbiote (axéniques) prenaient 3 fois moins de poids que les normales nourries de la même façon. Elles avaient moins de lipides dans le sang et moins de cholestérol dans le foie .. Si on les colonise avec le microbiote d’une souris normale , elles se mettent à grossir même avec une alimentation appauvrie. Des études faites chez l’homme ont montré que les personnes pauvres en bactéries intestinales avaient un risque plus important de développer une obésité : Ainsi la flore intestinale des obèses serait plus efficace pour extraire l’énergie de l’alimentation et induire son stockage que celle d’individus de poids normal.
2 études publiées dans la revue Nature montrent qu’il existe bien un lien entre la richesse en certaines bactéries intestinales et l’obésité : ces études ont analysé le génome de 341 personnes (134 obèses et 207 non obèses). Un quart posséde un microbiote pauvre en espèces bactériennes, 80% des individus obèses font partie de ce groupe. Quand on instaure un régime hypocalorique riche en fibres et en protéines on observe une perte de poids, une amélioration biologique et une augmentation en bactéries intestinales.
2 ) le diabète
Des études menées chez la souris ont indiqué que les bactéries qui pénètrent dans la muqueuse du colon pourraient provoquer une inflammation chronique interférant avec le fonctionnement de l’insuline et favorisant ainsi la survenue d’un diabète de type 2 : elles favoriseraient la fabrication « d’acides aminés ramifiés » systématiquement associés à une insulino résistance.
Par contre, il serait possible que le microbiote intestinal ait un rôle protecteur vis à vis du diabète de type 1 via le système immunitaire.
3) maladies digestives inflammatoires
Les colopathies fonctionnelles (colon irritable), la maladie de crohn voire le cancer du colon seraient favorisés par un appauvrissement de la flore intestinale.
4 ) maladies neurologiques
L’intestin est constitué de terminaisons nerveuses qui communiquent avec le cerveau : on l’appelle l’axe intestin-cerveau . Des études ont suggéré un lien entre les bactéries et les troubles du système nerveux central, comme l’anxiété, la dépression et l’autisme.
« l’intestin est notre 2ème cerveau »
Par exemple, la consommation d’antibiotiques sur de longues périodes déséquilibre la flore intestinale et favoriserait l’anxiété et le stress. ceci a été démontré chez des femmes enceintes sous antibiothérapie : leurs enfants avaient un risque accru de développer un autisme ensuite. Un axe intestin-cerveau fonctionnel juste après la naissance réduirait l’incidence des maladies mentales.
On peut y associer les addictions alimentaires : les bactéries libèreraient des molécules agissant sur l’axe intestin-cerveau , forçant l’hôte à consommer un aliment donné, les bactéries impliquées se multiplieraient encore davantage augmentant à nouveau la consommation de cet aliment.
Approfondir nos connaissances permettra de mieux comprendre la physiopathologie des maladies nutritionnelles et neurologiques mais aussi proposer des thérapeutiques ciblées dans le futur. L’analyse du microbiote pourra aussi nous permettre de stratifier les patients en répondeurs et non répondeurs afin de proposer des thérapeutiques personnalisées.
L’intervention diététique et l’activité physique sont capables d’augmenter la richesse bactérienne. Elles sont donc à promouvoir en 1er lieu L’utilisation des prébiotiques et probiotiques peut compléter leur action en agissant non seulement sur la santé physique mais aussi sur la santé mentale.
un probiotique pour guérir le diabète ?
de nouvelles études sont nécessaires notamment chez l’homme pour confirmer ces hypothèses
1) Cotillard et al Nature ,500,(7464) : 585-8 2013
2) le chatelier et al Nature , 500 (7464) : 541-6
3) Turnbaugh P an obesity associated gut microbiome with increased capacity for energy harvest Nature 444, 1027-312006
4) P.Gerard obesité , la flore intestinale mise en cause, Pour la science no 447 2015
5) NM Dezenne implication du microbiote intestinal dans l’obésité et les pathologies associées : quelles perspectives thérapeutiques ?2012