La consommation de viande, qui augmente au niveau mondial, pourrait avoir à terme des « conséquences catastrophiques sur les moyens d’existence, la santé humaine et animale, et l’environnement », selon le rapport annuel de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Parallèlement les pratiques tendant à supprimer les protéines animales et les documentaires traitant de la transition protéique fleurissent ces dernières années, comme L’adieu au steak diffusé sur Arte.
Après une première dégustation de steak élaboré à partir de cellules souches à Londres en 2013, de nombreuses entreprises misent sur un développement de ces techniques dans un avenir proche. Oui, mais pourquoi et comment produire cette viande « clean » ?
La population mondiale pourrait passer de 7,3 en 2015 à 9,8 milliards habitants en 2050 selon l’ONU. Pour nourrir cette population 60 milliards d’animaux ont été tués pour leur viande en 2016 et pourrait atteindre les 110 milliards en 2050 (données FAO). Or, la totalité des élevages d’animaux nécessitent de l’espace et seraient responsables aujourd’hui de près d’un sixième du total des émissions de gaz à effet de serre.
Le 15 mars dernier la société américaine Memphis Meats annonce avoir produit de la viande de poulet et de canard à partir de cellules souches de poulet. Cette viande est produite au laboratoire dans un milieu aseptisé. La multiplication cellulaire est technologiquement au point mais donner à cet amas de cellules l’aspect d’une viande animale est une autre histoire notamment reconstruire les fibres nerveuses, le tissu conjonctif et les cellules adipeuses qui donnent le goût, la tenue en bouche des viandes animales que nous connaissons aujourd’hui.
Memphis Meats se propose d’industrialiser cette production de laboratoire et de fournir dès 2021 « une viande clean » à savoir avec un impact environnemental réduit, un risque sanitaire plus faible mais aussi d’éviter que le consommateur se hérisse à propos du bien-être animal et continue de mettre en cause l’abattage des animaux. Reste malgré tout deux autres problèmes à résoudre : arrivera-t-on à réduire suffisamment les coûts de production pour rendre ce substitut de viande à portée de tous ? et quel accueil les consommateurs reserveront-ils à cette « viande clean » ?
Sources :
GIEC, FAO
Jean François Hoquette. INRA